Dans cette 12ème interview, je reçois Taylor, un canadien de 35 ans originaire de Calgary. Taylor, c’est un homme qui a expérimenté d’être en difficulté face à une femme, ou désavantagé par rapport à d’autres. Malgré cela, il a conscience de ses privilèges et sait reconnaitre des comportements masculins qui sont faussement féministes, comme il l’explique dans notre échange.


Traduction de l’épisode 



Je m’appelle Taylor, je travaille comme chef, j’ai 35 ans. Je suis blanc et hétérosexuel.



2’’02 - Ma première question est une grosse question. Je voudrais savoir si c’est difficile d’être un homme.



Non pas du tout! Par comparaison avec la difficulté d’être une femme, ce n’est pas du tout compliqué d’être un homme. Je jouis de tous les privilèges que je pourrais imaginer et je continue d’en découvrir de nouveaux. 



Je dirais que la vie est difficile pour tout le monde mais être un homme, c’est comme jouer un jeu difficile en "mode facile" avec tous les codes débloqués.



2’’59 - As-tu ressenti dans certaines situations que ça aurait été plus simple pour toi si tu avais été une femme?



Oui, une fois. Il y a longtemps, j’étais dans une mauvais relation qui s’est terminée de la pire manière qui soit je pense et, après la rupture, j’ai été harcelé, suivi, et ça s’est terminé à un point où j’ai dû demander une ordonnance d’éloignement contre elle. Et lorsque j’ai parlé à la police… je ne sais pas… Est-ce que ça aurait été plus simple si j’étais une femme? Est-ce qu’ils m’auraient pris plus au sérieux? Est-ce qu’ils auraient considéré que j’avais réellement peur pour ma sécurité? Je ne sais pas. J’ai aussi entendu des histoires de femmes dans la même situation pour qui ça s’est passé de la même façon. Des questions posées comme: "Est-ce que vous lui envoyez des messages?" Ou toutes sortes d'autres qui sous-entendent celle-ci: "Est-ce que tu ne l’as pas mérité?". Donc je ne sais pas. 



4’’44 - Mais tu as senti que peut-être ça aurait été plus simple?



Peut-être. Parce qu’un des flics avec qui je parlais semblait trouver ça drôle que cette femme entre par effraction chez moi tous les soirs. 

Mais à part cette situation très spécifique, je n’ai jamais senti que ça aurait été plus simple d’être une femme.


5’’12 - Qu’est-ce que tu penses des standards de la masculinité?



Je travaille comme chef. La vie en cuisine est surtout dominée par les hommes. Donc, dépendamment de l’environnement de travail dans lequel tu es, il peut y en avoir de très toxiques. J’ai vu ce qui peut se passer… Peut-être que c’est une question de génération. Dans la plupart des endroits où j’ai travaillé, la majorité de mes collègues avaient + de 40 ans et n’avaient peut-être pas eu l’opportunité d’éveiller leurs consciences, de ne pas apprendre suffisamment tôt que certains comportements sont juste dégueulasses.



6’’23 - Quels genres de comportements?



Je parle de « discussions de vestiaires »: les blagues graveleuses, les sifflements et commentaires déplacés envers les serveuses, des choses du genre. Des attitudes toxiques envers les femmes et le féminisme en général. Ceci étant dit, travailler avec des personnes plus jeunes, c’est le jour et la nuit. Les standards de la masculinité sont vraiment différents. Avec des personnes plus âgées, il faut que tu prouves ta valeur en tant qu’homme, en parlant plus fort, en étant plus agressif, etc. 



7’’38 - Est-ce que toi tu te sens confortable avec ces standards? Est-ce que c’est difficile de rentrer dans les cases?



Ce n’est pas difficile avec les gens de mon âge. Et peut-être que c’est aussi lié aux gens que j’ai dans mon entourage.

Les standards tels que je les vois aujourd’hui impliquent un sens des responsabilités, être capable de gérer sa vie avec de la confiance e...